La Paroisse de Quéven Saint-Pierre Saint-Paul
Les Lieux remarquables de la paroisse
Quéven, ses lieux de culte, ses autres lieux...
L'église paroissiale Saint-Pierre Saint-Paul
Evolution historique du Bati
(source : Quéven au fil du temps. Liv'éditions)
De l'existance probable d'une église en 1382 à l'explication des vocables
Nous L'avons vu, la paroisse de Quéven est mentionnée en 1382, aussi est-ce raisonnable de penser que cette dernière possédait alors une église. Néanmoins, il ne subsiste pas de vestige apparent de cette construction et les
premières traces manuscrites effectives remontent au XVe siècle et plus exactement au 5 septrembre 1488. C'est à cette date qu'est fondée la chapellenie perpétuelle de Saint-Pierre par le chapelain dom Henry Falquerho. Le document de référence souligne que le pretre doit
célébrer deux messes le mercredi et samedi de chaque semaine et que saint pierre sera honoré au maitre-autel. Ainsi avec Saint-Pierre on trouve ici une partie de l'explication du vocable de l'église. Ce document ne précise malheureusement pas si elle était placée sous le vocable d'un autre saint (ou sainte) auparavant et à plus forte raison en 1382. Le second vocable semble apparaitre dans le courant du XIXe siècle.
Des Fondateurs et des modifications jusqu'au XIXè siècle...
L'Église doit avoir connu plusieurs modifications à partir de l382 ; pourtant les rares documents qui la mentionnent ne font pas apparaître ces changements. On peut toutefois souligner le texte qui confirme l'existence du lieu saint en l593, texte relatif à un contrat de vente : « …par-devant le cimetière au bourg paroissial de Quéven, messire Ollivier Mellou a signé pour la dite Lentivi. Le 20 juillet l593. » Il est probable que le cimetière, conformément à l'usage, ceinturait l'église.
Un autre document, daté cette fois-ci de l633, confirme cette existence et précise les noms des membres du conseil de fabrique ; Louis Falquerho, Louis Le Gal, Louis Le Boulbard, Martin Jacob, Jan Jacob... La seule manifestation évidente d'un remaniement de l'église se trouve inscrite sur deux types de documents. Le premier fait allusion a une plaque de plomb découverte en l90l et portant l'inscription :
"In nomine Domini - Cette première pierre a été posée par messire Louis Duperenno Chevalier, seigneur de Kerusseau, le 28 juillet 1676."
Au-delà d'une prééminence affirmée, cette plaque toujours présente dans les fondations actuelles peut conduire à une interprétation erronée car il ne s'agit pas, dans son sens le plus strict, d'une première pierre mais d'une modification de l'existant.
Le second, constitué de deux actes datés de 1676, entérine une décision du corps politique, constitué de notables influents, d'agrandir l'église:
«Mathurin du Vergier seigneur du Maneguen, Conseiller du Roi, Sénéchal et premier magistrat de la cour et siège royal d'Hennebont, à savoir faisons que ce jour du 24 juillet 1676, à notre logis audit Hennebont, en présence du sieur procureur du Roi, à comparaître messire Jacques Pitouays sieur recteur de la paroisse de Quéven et Le Hénanf, fabrique et marguillier de ladite église paroissiale, étant insuffisante pour contenir lesdits paroissiens qui veulent assister au service divin et que ladite
église est en indigente réparation ce qui aurait obligé le corps politique de ladite paroisse de délibérer volontairement d'agrandir et de raccommoder ladite église, mais comme il est nécessaire de démolir le pignon du grand autel pour l'avancer dehors et démonter la maîtresse-vitre y étant sur laquelle il y a plusieurs armes et écussons en nous requérant de ladite requête, vouloir présentement descendre audit Quéven pour vaquer audit procès verbal (...) »
Outre le fait que l'édifice portait les armes de Bretagne et de France, il comportait çà et la les empreintes des familles éminentes sur le plan local ou régional. Ainsi, parmi les armes relevées sur la maîtresse-vitre et dont fait mention ledit procès verbal, celles de la princesse de Rohan-Guémené figurent en premier lieu. En effet, les Rohan exercent un contrôle sur les fiefs de Léon et de La Rochemoisan, entités dont Quéven dépend, et en tirent une partie de leurs revenus. On trouve ensuite les armes de la famille Guymarho, seigneurs de Lorière, de la famille Lucas seigneurs de Kersallo, du Cosquer et de Kerleau en Cléguer, bientôt alliée à celle des Guymarho, la famille Hilari et Du Vergier de Kerhorlay en Guidel et enfin la famille Lopriac.
D'autres familles possèdent leurs armes sur ce support, mais elles n'ont pu être identifiées.
Présent lors de la rédaction du procès-verbal, le seigneur du château de Kerrousseau en profite pour insister sur sa prééminence, ainsi peut-on lire:
«Ledit seigneur de Coëtcodu nous a fait voir et avons vu deux grands bancs choir celui du côté de l'Epître attaché à la balustre du chœur et celui du côté de l'Evangile joignant ledit balustre qu'il a dit lui appartenir comme dépendant de la maison de Kerrousseau, sur lequel avons vu en bosse d'or a une bande de gueule et une merlette de sable qui sont pareilles à celles qui sont en la maîtresse-vitre, de plus nous a fait voir et avons vu en lisière tant au-dedans qu'au-dehors de ladite église en partie effacée laquelle lisière est chargée de pareilles armes (...) ».
Quelques années plus tard en 1710, lors d'un aveu rendu par Hyacinthe de Kerpaën, seigneur de Kerrousseau, au prince de Rohan, on apprend qu'en plus des bancs mentionnés et de leurs blasons sur la lisière ils possèdent leurs tombes a l'intérieur de l'église. Ainsi en est-il peut-être de la dalle funéraire dont l'inscription est presque effacée, située derrière le pilier ou est installé le groupe de sainte Apolline.
Mais les seigneurs de Kerrousseau ne sont pas seuls et doivent partager leurs prééminences avec ceux du manoir de Kerlebert :
« De plus, nous a fait ledit recteur voir et avons vu dans le pignon de ladite église une chapelle a côté du maître-autel du côté de l'Epître, qu'il nous dit s'appeler la chapelle de Saint-Jean en joignant de laquelle avons vu dans le pignon de la stalle dans laquelle il y a un écusson de gueule à bande de vair en alliance d'azur à une fleur de lys et une poire et demie d'or et en dessous d'une vitre y étant dans la longueur un banc d'accoudoir sur lequel avons vu en bosse d'or les mêmes armes que celles de ladite stalle s'en suit l'écusson des armes et alliance Du Perenno. »
L'avantage de ce document, outre la description des armes des différentes familles, est d'être accompagné d'un parchemin sur lequel sont représentées ces armes.
Ces changements intervenus dans le courant du XVIIème siècle n'apparaissent pas au suivant. Pis, il fut reproché au successeur de Jacques Pitouays, son neveu Gabriel Pitouays, officiant de 1697 à 1754, de ne pas avoir effectué la moindre réparation de l'église et du presbytère durant son rectorat.
Les autres documents consultables ne font pas mention d'un changement quelconque à partir de cette date jusqu'à la fin du siècle. On signale juste un vol commis en l785, dont le maigre butin conduit ses instigateurs à poursuivre leurs méfaits à la chapelle de la Trinité, la aussi sans grand succès. Néanmoins, tout porte à croire qu'il y eut quelques modifications, si du moins on en juge par le mobilier et sa disposition dans l'église.
Nous n'avons malheureusement pas pu retrouver de plan de l'édifice d'origine ; on peut d'ores et déjà dire que, malgré l'agrandissement dont il est question, l'édifice était plus petit que celui d'aujourd'hui. Sa forme devait probablement suivre un plan en forme de croix latine. Les remaniements ont laissé plus de traces au XIXe siècle.
Les Profonds remaniements du XIXème Siècle et la reconstruction au XXème siècle
En 1864, plusieurs projets sont élaborés visant à l'agrandissement de l'église et au déplacement du cimetière.
Ces deux projets sont motivés à la fois par l'évolution démographique (la population quévenoise devient plus importante) et des soucis d'hygiène. D'abord différé pour raison financière, le premier remaniement s'effectue deux ans après l'arrivée d'un nouveau recteur âgé de 58 ans en I872, l'abbé julien Daniel.
Ce dernier entreprend de modifier le plan et l'orientation de l'église, en faisant construire notamment une tour placée à l'est ; en augmentant la surface par l'apport de piliers au niveau des anciens murs, dispositif complété par l'ajout de bas-côtés.
La tour va aussi accueillir deux nouvelles cloches en l895.
En l869, le cimetière est déplacé en bordure de la route qui conduit vers Pont-Scorff à son emplacement actuel.
Plus tard, en l888, le mur qui clôturait l'ancien cimetière fut remonté pour matérialiser la place publique.
Apres les vingt-cinq ans de rectorat de l'abbé Daniel et son décès, son successeur l'abbé Plunian décide lui aussi d'effectuer de nouveaux travaux. Originaire de Séné ou il naît le Zi novembre I849, il prend ses fonctions à Quéven en l896 et montre, durant les dix années où il est en place, une ardeur sans faille pour entretenir et restaurer les édifices affectés au culte.
Ses notes manuscrites rendent un hommage ambigu a son prédécesseur et fustigent en partie ses travaux. il appuie sa démonstration sur l'analyse de l'abbé Brisacier; curé et architecte, qui, a la veille de 1900, décrit l'église paroissiale en ces termes :
« L'église de Quéven, dans l'état actuel, présente une particularité insolite. Le sanctuaire est adossé à la tour pourtant sans ouvertures. Outre cet inconvénient, au lieu d'avoir son entrée principale par la tour, placée sur la voie publique, elle se trouve à l'autre extrémité donnant sur la campagne.
Dépourvue de sacristie, c'est une partie de la nef, clôturée par un retable, qui est affectée à cet usage et dans des conditions très incommodes. Le système du toit formant trois angles séparés par des noues est défectueux et donne lieu à d'incessantes réparations. Les plafonds sont en mauvais état et celui de la grande nef manque d'élévation étant donnée la longueur de la nef (40 m environ). »
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Pour remédier à cet état, deux projets vont alors être élaborés, le moins coûteux étant retenu. L'abbé Plunian fait changer l'orientation en restituant le chœur à l'ouest et en permettant l'accès des fidèles par une porte aménagée sous le clocher Il est également a l'origine de voûtes en brique provenant de l'atelier Bernard de Pluneret et censées assurer « une impression de légèreté ». Mais il ne s'arrête pas là et fait appel au mosaïste Andréatta pour tapisser le chœur, à l'atelier Koch de Beauvais pour poser de nouveaux vitraux. Il fait installer une grille de fer forgé par l'atelier Tizlez situé rue du Finistère à Lorient.
Entre l9l8 et l9l9, le clocher sera au cœur de nouvelles restaurations.
Tous ces efforts ou presque seront anéantis lors des épisodes tragiques de la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, dès le 10 novembre l940, le recteur Jean-François Le Gouguec en poste depuis l929 s'indigne-t-il auprès des paroissiens des dommages causés trois jours plus tôt par un bombardement :
« Vous voyez, mes chers amis, l'état lamentable ou se trouve maintenant notre église. Les trois vitraux du chœur et le grand vitrail du transept nord sont complètement brisés, les sept autres endommagés. Dans les sacristies, une fenêtre démolie et les carreaux cassés. Dans la tour un œil-de-bœuf en miettes et quelques carreaux également brisés. ».
Le 30 décembre l940, on requiert les services de la société A. Bonneville de Rieux, spécialisée dans la décoration et la vitrerie pour effectuer les travaux nécessaires de restauration. On ne se doutait pas alors que l'église serait détruite trois ans plus tard. Un plan incomplet des vitraux accompagné d'un descriptif permet de restituer partiellement l'iconographie religieuse figurant alors en l'église.
A cette époque, il s'agit également de sauver les cloches et une partie du mobilier, l'occupant ayant réquisitionné les métaux non ferreux. Ce sera bientôt chose faite...
La guerre se poursuit, le Morbihan devient un enjeu stratégique important, en particulier la région lorientaise ou se trouvent la base de sous-marins de keroman et le terrain d'aviation militaire de kerlin Bastard, aujourd'hui Lann-Bihoué. Les bombardements alliés se succèdent avec plus ou moins de succès, l'étau se resserre autour de l'occupant. La Libération s'annonce, elle attendra hélas prés d'un an chez nous et les combats liés à la « Poche de Lorient » s'accompagneront de la destruction de l'église. Eventrée, privée de clocher; victime à la fois de tirs d'artillerie et d'un dynamitage, l'église, ou du moins ce qu'il en reste, se résume alors au chœur; qui, bien que touché, reste encore debout. Mais la défaite allemande et la capitulation de la « Poche de Lorient » annoncent des temps nouveaux.
la reconstruction.
Dès la fin de l'année l945, la municipalité décide de confier les travaux à Caubert de Cléry, alors architecte départemental. Plusieurs années sont nécessaires à la réédification : de la confection d'un beffroi temporaire en bois à un véritable clocher; du réaménagement intérieur à la pose des cloches. En I964, la rénovation est effective.
L'édifice suit un plan en forme de croix latine, présente une maçonnerie en pierre de taille apparente et par endroits enduite. L'étagement est assuré par trois vaisseaux ; on peut observer une fausse voûte à croisée d'ogives. La toiture est en ardoise. Il est évident que l'église actuelle ne correspond pas tout a fait â-1 ce qu'elle fut auparavant. Si son esthétique n'est pas exceptionnelle, elle est le reflet d'un pan de l'histoire locale et de ce moment particulier qu'est la reconstruction.
Le mobilier disposé en son sein rappelle également d'autres aspects de cette même histoire.
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Calvaire, croix et fontaine
CALVAIRE ET CROIX
L'ancien Cimetière paroissial qui ceinturait l'édifice a laissé sur place plusieurs traces du passé. Le calvaire au bord de la route conduisant à Gestel est un de ces témoins et même une œuvre remarquable qui lui vaut d'être classée au titre des monuments historiques dés l932 Daté du XVIIe siècle, le calvaire est réalisé en pierre de Kersanton, dénomination d'un hameau de Loperhet (Finistère) où l'on extrait cette roche basique de la famille des lamprophyres. A l'origine, ce calvaire dispose de deux traverses chargées de seize personnages adossés deux par deux. On y trouve, avant sa destruction partielle - déjà avant guerre -, les représentations du Christ, de la Vierge, des apôtres, de sainte Catherine... De nos jours en revanche ces représentations sont moins nombreuses.
Il subsiste sainte Catherine identifiable à sa roue et son épée. Bien que fille de roi, elle est condamnée au supplice de la roue, mais, par miracle l'instrument de torture se brise ; court répit puisqu'elle est alors décapitée. Son visage offre pourtant ici un sourire d'une grande sérénité. Toujours reconnaissable, figure sur ce calvaire une statue de saint Pierre portant les clefs, une lourde chape et enfin un livre. Le traitement de la statue est ici, plus qu'en l'église, conforme a l'image traditionnelle de l'apôtre. Place à ses côtés, on reconnaît saint Paul avec l'épée et le livre. Ici encore l'artiste aura respecté les conventions de l'iconographie habituelle de ce saint : figure amaigrie, front dégarni et barbe en pointe.
De l'autre côté du calvaire, les personnages apparaissent sous les traits d'évêques portant la crosse et la mitre, tantôt bénissant tantôt tenant un livre.
Notons également, en plus de ces représentations, que le fût de la croix porte l'inscription « l MARIA ». Cette figuration, bien qu'incomplète, est unique sur la commune. D'après l'analyse esthétique du monument, il semble que l'on puisse déterminer l'artiste qui l'a façonné. Il s'agirait de Roland Doré, sculpteur de la région de Landerneau (1590 - 1660) et dont la renommée n'est plus a faire en Bretagne.
Il s'illustre en particulier dans le Léon, le Trégor et la Cornouaille occidentale avec pas moins de soixante croix et calvaires, mais aussi des gisants et des porches. Le plus surprenant à l'heure actuelle, c'est qu'on ne rencontre dans le Morbihan aucune œuvre de cet artiste, or plusieurs éléments stylistiques laissent à penser qu'il en est a l'origine : visages émaciés, arcades sourcilières larges, lèvres fines, drapés stylisés, etc. Il faut cependant rester prudent...
Provenant également de l'ancien cimetière mais placée à l'entrée du nouveau, on trouve une croix monolithe de granit datée du XVIIe siècle. Celle-ci est remontée sur un socle moulure contemporain. Elle porte pour unique représentation un Christ en croix.
Beaucoup plus récente est la croix monumentale placée au centre du nouveau cimetière, datée de 1869. Elle est le fruit des travaux de l'entrepreneur Le Quintrec de Guidel. Ce dernier aura l'occasion de restaurer son œuvre en 1891 ainsi que le mur du nouveau cimetière.
Autre témoignage de la vie ecclésiastique, la croix de mission, située à côté de l'église et réalisée en métal, est une œuvre tardive.
FONTAINE
Placés dans l'agréable square du 19 mars 1962, la fontaine de Saint-Pierre et son lavoir atteignent des proportions respectables. En pierre de taille, la fontaine bénéficie d'une niche, vidée de sa statue, surmontée autrefois d'un fronton triangulaire. Il n'a pas été possible de dater avec certitude cet ensemble.
Ainsi s'achève ce chapitre consacré à l'église paroissiale, de son histoire à l'étude de son mobilier le plus significatif. Ce qu'il faut en retenir c'est à la fois l'importance de l'édifice et du culte dans la vie de la communauté. En effet, l'église rythme la vie de l'ensemble des paroissiens de la naissance au décès, et le respect des règles religieuses prévaut pour l'accession dans les meilleures conditions au repos de l'âme.
Elle synthétise une foi pragmatique - consultation des saints thaumaturges et parfois vétérinaires - et témoigne des modes et des maux que l'on redoute à l'époque. Enfin, qu'il s'agisse de l'histoire de l'église paroissiale ou dans quelques cas de son mobilier, elle marque la hiérarchie sociale aujourd'hui révolue qui reposait sur le clergé, la noblesse et le tiers état. Plus tard, au XIXe siècle, le clergé voit son influence sur la population reculer, mais l'église continue de rassembler beaucoup de fidèles, ce dont témoignent a posteriori les nombreux dons qui lui sont faits.
Un autre facteur d'identité se constitue autour d'édifices cultuels plus petits : les chapelles. Celle de Bihoué occupe une place particulière, car avant d'être chapelle elle fut église.
La chapelle de la Sainte Trinité
Évolution historique du bâti
Des origines à la reconstruction
La chapelle d'origine semble avoir été bâtie dans le courant du XVIe siècle, ce que laissent supposer son style architectural et une inscription. Cette dernière, mentionnée dans les travaux du professeur Calmette de Lorient, permet d'avancer la date de 1507:
«l'an mil Ve VII messire - illisible-, fist ce fa(ire) ».
La chapelle est flanquée d'une croix monumentale datée de 1657. Architecturalement, l'édifice appartient au style gothique flamboyant, même si d'anciennes photographies notamment indiquent des extensions postérieures, qui se traduiront par un plan en forme de croix latine avec des bas-côtés. Le chœur est l'élément le plus ancien ; les autels latéraux ne seront réalisés qu'au XVIIIe siècle - la statuaire en témoigne - de même que le clocher de pierre qui porte, en plus du monogramme l.H.S, la date de 1771. Contrairement à aujourd'hui, le clocher est placé au couchant ; quant au chœur; il est très court et le chevet plat. Véritable fleuron local, l'édifice fait l'objet de plusieurs descriptions et annotations, et ce dès le XVIIIe siècle. Nombreux sont les auteurs qui ont laissé des précisions sur les aspects extérieurs et intérieurs :
sablières sculptées de scènes grotesques, motifs floraux, écussons effacés, fenêtre à fleur de lys, têtes de crocodile, etc. Outre les éléments architecturaux, l'abbé Cillart de Kérampoul, érudit du XVIIIe siècle, qualifie la chapelle de « prieuré a la nomination du Roi ». En d'autres termes, la chapelle est placée sous le contrôle d'une des abbayes royales de la région, Quimperlé ou Hennebont?
Avec le temps qui passe, la chapelle nécessite des travaux de restauration ; l'une des toutes dernières est celle qu'entreprit l'infatigable abbé Plunian en 1898. Il doit en effet pallier la fragilité de la construction en consolidant la maçonnerie, en redressant le clocher et en faisant modifier le dallage par les soins du mosaïste Andréatta. Ses travaux lui permettent également de redécouvrir l'ancienne voûte de bois.
Des plans cotés, des croquis et quelques photographies ajoutent aux écrits plusieurs autres indications précieuses.
Malheureusement, les événements de 1944 vont sceller le destin dramatique du village et de sa chapelle. L'édifice devient durant l*épisode de la « Poche de Lorient » un poste d'obsenrvation pour l'occupant, il est même prévu d'installer une batterie antiaérienne après arasement du clocher. Contraints et forcés, les Alliés le bombardent et le réduisent à l'état de ruine.
La reconstruction
Initialement, il est prévu de reconstruire la chapelle à l'identique, mais les décisions prises seront tout autres malgré son classement au titre des monuments historiques. La reconstruction est tardive, car il faut auparavant régler les problèmes financiers. Les travaux sont confiés à l'architecte Caubert de Cléry, également maître d'œuvre de l'église en 1960. Ils prennent fin en 1962 par la bénédiction des cloches...
Le mobilier
Un mobilier sauvé, une histoire singulière
Au sortir de la Guerre 1914-1918, la France institue un plan national de sauvetage des œuvres d'art au vu des dégâts irréparables constatés dans la zone de conflit.
ll est prévu le rapatriement des objets vers les régions ouest du pays, loin des combats que l'on suppose a l'époque se dérouler sur la fameuse « ligne bleue des Vosges ». Mais cette hypothèse s'effondre en l940, l'Ouest français étant devenu une zone stratégique de premier plan.
Conscients des dangers qui menacent le Morbihan, deux hommes, Pierre Thomas-Lacroix - conservateur des Antiquités et des Objets d'Art du département - et René Guillaume - architecte des Monuments historiques- décident de réactiver le plan de sauvetage.
La chapelle de la Trinité, compte tenu de sa proximité avec la base de sous-marins de Keroman et surtout avec l'aérodrome de Kerlin-Bastard, futur Lann-Bihoué, va faire l'objet de cette vaste action. Apres sélection, une partie du mobilier de la chapelle est évacuée par train en septembre l942 vers des cieux plus cléments, d'abord au château de Plessis-Macé puis a celui de la Lorie en Maine-et-Loire.
Si cette décision heureuse aura permis de sauvegarder des œuvres, la disparition des protagonistes plongera le mobilier dans un oubli long de soixante ans.
C'est en grande partie aux travaux de recherches menés par les services de la Conservation du patrimoine du conseil général, que l'on doit le retour de ces statues en l'an 2000.
La Statuaire
Une majorité d'œuvres sauvées
Le Plan de sauvetage prévoit, pour la Trinité, d'évacuer seulement les œuvres faisant l'objet d'un classement.
Faisant fi de ces considérations et compte tenu de l'importance du mobilier; Pierre Thomas-Lacroix et René Guillaume (ce dernier connaissait la chapelle pour avoir effectué le devis de restauration de la toiture en l927) vont dépasser le cadre de leur mission et permettre ainsi la sauvegarde de la majorité des œuvres.
La statuaire occupe l'essentiel d'un mobilier qui se distingue par sa qualité et par la variété des sujets traités. Parmi les nombreuses représentations, celles évoquant les épisodes de la Passion du Christ occupent une place privilégiée.
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Vierge de Pitié
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Le reste du mobilier
Un bénitier pour seul mobilier
C'est effectivement l'unique objet d'origine que l'on retrouve aujourd'hui en lachapelle de la Trinité. De petites dimensions, il présente un décor losangé.
Il est daté du XVIe siècle et taillé dans le granit.
Le mobilier disparu
N'ayant pas survécu aux bombardements, d'autres objets cultuels peuvent être évoqués avec plus ou moins de précisions.
BENITIER
Dans les descriptifs consultables, on fait régulièrement mention de deux bénitiers dont l'un, de style Renaissance, portait la date de 1586.
LA ROUE A CARILLON
Un inventaire rapporte encore l'existence en ces lieux dune roue à carillon que l'on faisait tourner a l'aide d'une corde durant l'élévation et le Credo, afin de bénéficier des bénédictions célestes. L'abbé Plunian écrit à ce sujet :
« Les superstitieux lorientais viennent consulter la fortune par l'entremise de la roue.
S'ils réussissent à la faire tourner sans arrêt, la fortune sera favorable, c'est-à-dire l'avenir heureux. Si elle s'arrête brusquement, la fortune sera contraire. Ils lui font les mêmes questions et lui donnent les mêmes significations qu'aux tables tournantes ».
Il y aurait dans cette pratique, selon l'hypothèse la plus répandue, les vestiges des anciens cultes divinatoires solaires. Cette roue, l'abbé Plunian en modifie la place lors des travaux de restauration de la chapelle :
« La roue de la fortune était montée sur une charpente appuyée au pilier. Je conservai la roue en supprimant la charpente. L'axe de la roue traversa l'épaisseur du pilier ».
PEINTURES
La chapelle compte à la fin du XIXe siècle trois peintures. Le même abbé en parle à plusieurs reprises.
Mentionnant l'existence du groupe de la Crucifixion, il écrit :
« un calvaire à personnages anciens adossé à une peinture moderne (...) ».
Cette peinture, placée au-dessus de la sacristie et dans le bras nord du transept, est l'œuvre du commandant Testard, maire de Guidel. Il faut la rapprocher de la peinture, signée du même auteur et conservée à la chapelle Notre-Dame-de-la-Rosée - Saint-Nicodème.
Aussi intéressantes, sinon plus, sont les deux autres œuvres peintes sur bois que conserve alors la chapelle. Un premier panneau fait figurer plusieurs scènes dont celles de l`Annonciation, l'Assomption, sainte Anne et l'éducation de la Vierge. L'œuvre porte en outre une inscription qui permet à la fois de retrouver la datation, le commanditaire et l'artiste :
« faist faire par Louis Le Boulbar, procureur en l'an l659 et fecit Jacques Le Goff 1659 ».
Le second panneau représente, quant à lui, une iconographie assez rare, puisqu'il s'agit de la messe de saint Grégoire.
L'abbé Plunian indique que:
« Les peintures de bois qui ornent les deux côtés du sanctuaire, et qui ne sont que les reproductions de peintures murales dont on trouve la trace sous ces tableaux, furent dégagées de leurs antiques poussières et lavées, apparurent ce qu'elles sont aujourd'hui. »
Si la destruction des peintures murales était inévitable du fait du bombardement, on aurait pu espérer que les panneaux fussent préservés dans le cadre du « plan de sauvetage ».
Mais, la compagnie de chemin de fer - au vu de leur taille - refusera de les transporter. Ils resteront sur place à Lorient et auraient été détruits.
Fontaine et pardon (mai ou juin)
LA CHAPELLE est associée à un pardon qui attire, nous dit le cahier de paroisse, de nombreux pèlerins de la région lorientaise venus y chercher la guérison des fièvres. Une procession se rend alors à la fontaine voisine à grand renfort de bannières et de croix, pour y consommer l'eau aux vertus curatives.
L'abbé Plunian, dans sa correspondance, regrette à cette occasion le manque de piété qui règne après l'office durant l'après-midi. La fontaine, datée du XIXe siècle, existe toujours. Elle présente un fronton triangulaire abritant une niche. Celle-ci a peut-être accueilli une statue. Mais les clichés relatant l'événement semblent indiquer qu'elle est conçue pour recevoir les bols avec lesquels on consomme l'eau.
La fontaine est associée à un lavoir.
Il faut également mentionner l'existence d'un chant traditionnel écrit en breton sur une gravure du XIXe siècle et qui met en scène une procession avec bannières et ex-voto marins. Ce genre de représentation est courant à l'époque et constitue pour l'atelier d'imprimerie qui est à son origine une source non négligeable de revenus. Nombreuses sont en effet ces lithographies que l'on vend aux pèlerins en guise de souvenirs ou d'objets pieux.
Dernière chapelle détruite durant la guerre de 1939-1945, la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours - encore appelée de Vrai-Secours - n'a en revanche pas bénéficié des mêmes mesures de sauvegarde que celle de la Trinité.
La chapelle de Notre-Dame-de-Vrai-Secours
Évolution historique du bâti
Fondation
A l'instar du vocable usité pour la désigner; Notre-Dame-de-Vrai-Secours, plus communément appelée de Bon-Secours, confirme l'importance du culte voué à la Vierge. Les recherches sur ce lieu n'ont pas permis, pour l'instant, d'en connaître la date de fondation.
Certains proposent 1694, car un document relatif aux lieux de culte à Quéven fait effectivement apparaître une chapelle mais dont le vocable est Notre-Dame-de-Pitié. Il n'y a manifestement pas de corrélation entre les deux noms, mais peut-être faut-il y voir un changement dans les pratiques dévotionnelles.
Il y a pourtant des certitudes. La première concerne les fondateurs et les seigneurs ayant prééminences. En 1710, les seigneurs de Kerrousseau réaffirment dans un document conservé à Paris que la chapelle porte leurs armes et qu'ils en sont « fondateurs Iiges ».
L'édifice est alors situé « à flanc de coteau et au milieu d'une prairie » à deux pas du village de Kerbescond - toponyme également rapporté par le cadastre napoléonien.
Autres certitudes, sa désaffection durant la révolution de 1789, puis sa reconstruction en 1825. L'édifice est alors rectangulaire et l'entrée principale porte un fronton triangulaire.
Les éléments d'information se font ensuite plus rares. En 1895, on précise qu'il y a une inscription sur pierre de taille posée sur le fronton et, en 1905, on note que la chapelle fut reconstruite aux frais de la fabrique et d'un généreux donateur En 1921, on nous apprend que l'intérieur de la chapelle est repeint en blanc. Quinze ans plus tard, une délibération du conseil municipal notifie la réfection de la toiture et l'acceptation du devis de l'architecte Dutartre.
Celui-ci indique que la toiture a été reprise de nombreuses fois et que la voûte en plâtre est crevée en « maints endroits laissant apparaître un lattis en partie pourri ».
Ce rapport indique également que l'on trouve des débris de plâtre au sol, une couverture en ardoise d'Angers et une charpente en sapin du Nord. Les travaux seront confiés à Pierre Le Ber, maître couvreur à Quéven, et débuteront le 13 février 1936.
L'édifice va être victime d'un bombardement allié à la fin de l'année 1940.
La Reconstruction
Dans le courant des années 50, on décide de reconstruire la chapelle. Grâce à l'aide des services de la Reconstruction, les travaux débutent sous la direction de l'architecte Jaffré.
Seul un pignon est conservé -celui de l'entrée - tout en faisant disparaître son décor d'origine. On décide de transférer la sacristie, autrefois située dans le prolongement de la chapelle, dans une extension placée à côté du chœur Le 21 novembre 1954, la chapelle est fin prête et reçoit la bénédiction de Mgr Le Bellec secondé par Jean Morvan, recteur de Quéven, devant prés d'un millier de fidèles.
LE MOBILIER
La statuaire actuelle
L'IMPORTANCE DE SAINTE ANNE
SAINTE ANNE TRINITAIRE
Provenant de la chapelle mais conservé en l'église paroissiale, on trouve un groupe dit de sainte Anne Trinitaire. Des documents datés des années 1920, 1930 et 1940 confirment sa présence originelle. Dans un document conservé au presbytère, on peut lire à la date du 21 juillet 1940 : « Chez nous à propos de sainte Anne, à Quéven, la dévotion à sainte Anne est très ancienne, ce qui le prouve c'est cette vieille statue que nous honorons de temps immémorial dans la chapelle de Bon Secours ».
Ce groupe, daté du milieu du XVe siècle, réalisé en bois polychrome, est composé bien sûr de sainte Anne, personnage central, mais aussi de Marie et de l'Enfant Jésus.
Sainte Anne est assise avec, posé sur un genou, un livre qui rappelle sa fonction d'éducatrice ; sur l'autre, Marie debout, couronnée est vêtue d'une robe dorée.
L'Enfant jésus qu'elle tient ne signifie pas pour autant que Marie soit adulte. Il s'agit ici surtout d'évoquer « la double maternité miraculeuse » d'Anne et de sa fille Marie.
Anne, longtemps considérée par les Bretons comme une sainte locale, à la suite d'une confusion avec la divinité Ana, est sollicitée contre un vaste ensemble de maux et pour le retour des marins.
Fontaines et pardons
Trois FONTAINES sont associées à la chapelle de Bon-Secours. La première est aujourd'hui réduite à un simple trou d'eau. La seconde date de 1994 et correspond en réalité au déplacement de la première, elle est construite pour partie avec des pierres d'origine. La troisième fontaine est celle dite de Sainte-Anne. Elle se situe à plusieurs centaines de mètres de distance de la chapelle en direction du village de Rustuel. Les manuscrits apportent la certitude qu'une procession s'y déroulait à partir de la chapelle.
On trouve dans un article du milieu du XXe siècle, une description bucolique du déroulement du pardon de Notre-Dame-de-Vrai-Secours le 15 août :
« Bonheur de s'en aller dans la fraîcheur relative du matin et sous un ciel légèrement voilé vers cette belle campagne lorientaise qui n'a pas besoin d'embellissement, la nature ayant semé de Lorient à Kerdual, de Kerdual au Roz, de Kervégan à Pont-Scave et a Pont-Scorff les trésors de ses richesses accumulées sur les collines boisées et les vallons verdoyants. Certes si une promenade en mer est attirante en cette période de l'été si généreuse la vue de ces panoramas changeants de notre campagne bretonne a son attirance aussi. Et puis à chaque tournant le Scorff d'un côté, le Blavet de l'autre, déroulant leurs anneaux rappellent un peu les rivages. Nous cheminons sur la grande route de Lorient à Pont-Scave pour atteindre un sentier qui, sous un bois et sous la lande et genêts, conduit au village ou règne Notre-Dame-de-Bon-Secours.
Nous croisons en route quelques pèlerins revenant de la messe matinale.
Quelques pèlerins seulement alors qu'avant le règne des autobus dispersant nos compatriotes aux quatre coins de l'horizon, c'était un va et vient sur la route... Nous ne sommes pas envahis par la poussière des autobus. A peine verrons-nous une camionnette transporter quelques pèlerins à Bon-Secours. Mais nous verrons entre autres une bonne vieille bretonne de 82 ans monter allègrement avec son petit sac à provision et son parapluie, les dures côtes de Kerdual et de Kervégan. Nous aurons par ailleurs le regret de ne pas voir le Scorff déployer ses eaux calmes sur les paluds car la haute mer ne sera que le soir Un calme reposant règne autour de la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours, quand nous y arrivons vers 10 h 45 au moment où la cloche appelle les pèlerins pour la grand messe.
Bientôt la chapelle s'emplit de coiffes lorientaises et costumes de ville.
Nos paysans sont venus a la messe à 8 h 00 et s'en vont retourner a la ferme car le battage de la moisson bat son plein, et il est harassant... La grand messe est chantée par M. l'abbé Le Gouguec, recteur de Quéven, dont dépend Bon-Secours. Il y a quelque chose d'émouvant dans cet ensemble de cérémonies où les trois quarts de l'assistance sont debout mais où tous chantent de bon cœur, conduits d'ailleurs par M. l'abbé Jean, le vicaire, dont la voix nuancée fait réellement plaisir en cette chapelle rustique dont les ornements sont un tableau de l'Assomption et des saints avec la statue de Notre-Dame-de-Bon-Secours, en pierre, datant de combien d'années et dont M. le recteur dira qu'on lui a demandé des photographies du Canada ! A l'Évangile, M. Le Gouguec aura un remerciement sincère pour la municipalité de Quéven qui a bien voulu voter les fonds nécessaires à la réfection totale de la toiture. De son côté, le recteur s'occupera, avec les dons offerts à la chapelle, de la remise en état de l'intérieur du sanctuaire. Et ainsi, l'an prochain les pèlerins pourront contempler la résurrection de la chapelle vers laquelle accourent le 15 août beaucoup de femmes de Riantec, Locmiquélic, etc, etc.
Midi c'est l'heure de déjeuner sur l'herbe, avec les provisions apportées. Et qui voyons-nous non loin de l'arbre sous lequel nous déjeunons? M. le recteur et son vicaire, prosaïquement assis sur l'herbe et faisant comme tout le monde puisqu'il faut manger pour vivre. Cependant, nous ne pouvons être qu'étonnés de ce qu'aucune ferme des environs n'ait offert l'hospitalité au recteur. Les temps seraient-ils changés à ce point?
A 15 h 00, les vêpres sont chantées. Puis la procession se forme : une croix d'argent, deux bannières, c'est tout. Mais combien émouvante cette procession autour du village ou les grandes meules de blé jetteront demain leurs grains de froment sous la batteuse. Et puis aucun casque de gendarme à l'horizon, pas de garde champêtre non plus ni de maire ceint de son écharpe... Au chant de cantiques en breton d'une douceur incomparable la procession arrive à la fontaine au creux d'un vallon; c'est le tableau saisissant qui bientôt s'évanouit quand tous rentrent à la chapelle où le recteur annonce que l'an prochain les vêpres seront chantées à l4 h 30 à cause des pèlerins de la côte. Un remerciement à tous, une belle évocation à Notre-Dame-de-Bon-Secours par M. Le Gouguec et à chacun de regagner sa ferme ou sa ville, comme ceux qui, passant à Kerdual, dont c'est la fête profane, qui a réuni une foule considérable s'y arrêtent un instant. »
Cet article, aux détails piquants, signé EB du Nouvelliste du Morbihan est conservé au presbytère.
C'est sur ces lignes que nous quittons la chapelle de Bon-Secours et les rives du Scorff pour rejoindre un autre lieu de Quéven ou à défaut de chapelle on en conserve le souvenir...
La chapelle de Saint-André
Etat de la recherche
Deux monuments témoignent à Quéven de cette chapelle disparue et autrefois située à proximité des villages de Kerloés, Kerouallan, Prat Lédan et Ty Planche. L'un et l'autre sont évoqués ci-dessous.
Plusieurs documents attestent de la présence sur la commune de cette chapelle et de l'existence d'une frairie vouée au culte de saint André. Parmi ceux-ci, un testament de l722 :
« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il. Testament et dernières volontés de François Le Pipe second voilier du vaisseau Largonaute qui quoique très malade de corps étant attaqué de scorbut est cependant dans tout son bon sens et ayant recommandé son âme à Dieu et à la sainte vierge a déclaré vouloir être fait ce qui suit, à savoir (...) -
donner - trente sols francs à la chapelle du bien heureux saint André (...) »
Quelques années plus tard, en l748, l'inventaire dressé par l'érudit abbé Cillart de Kérampoul ne mentionne pas l'existence de cette chapelle, peut-être n'existe-t-elle plus à ce moment. Aucun document à l'heure actuelle ne donne le nom des seigneurs fondateurs.
Une croix et une fontaine
La croix
La croix est celle que l'on peut observer sur la route qui conduit du centre de Quéven à Kerdual, au lieu-dit Prat Ledan. Elle est simple, en granit taillé, et repose sur un socle. Mais elle semble aussi relativement moderne...
Peut-être a-t-elle été réédifiée après la Deuxième Guerre mondiale ? Une croix au même emplacement figure déjà sur des cartes du XIXe siècle.
La fontaine de Saint andré
On la trouve en lisière du sous-bois en face de Ty Planche. Elle est aujourd'hui en très mauvais état mais continue d'offrir un semblant de maçonnerie à l'intérieur d'un talus.
De plus, l'ancien cadastre rapporte le toponyme de Clandy ou maladrerie qualifiant une parcelle à proximité immédiate de la fontaine. Saint André est évoqué en Bretagne contre la coqueluche, ses eaux ont selon toute vraisemblance attiré les Quévenois de l'époque.
Tous les édifices évoqués jusqu'à présent ont été détruits, puis remodelés. L'unique exception est la chapelle de Notre-Dame-de-la-Rosée - Saint-Nicodème pourtant située dans le périmètre de la base militaire de Lann-Bihoué.
La chapelle de Notre-Dame-De-La-Rosée
Saint Nicodème
Évolution historique du bâti
Histoire d'un lieu et analyse architecturale
Si actuellement on mentionne le village qui abrite la chapelle comme étant Saint-Nicodème, cela n'a pas été toujours le cas. En plongeant dans les archives, on peut remonter jusqu'en I484.
Le village est dit alors de Locmaria. Ce toponyme breton se décompose en deux unités correspondant à « lieu consacré » et « Marie », c'est-à-dire la Vierge.
La chapelle est mentionnée jusqu'au XVIIIe siècle comme étant dévolue à Notre-Dame-de-la-Rosée ; puis elle apparaît aussi sous le vocable de saint Nicodème et plus rarement des deux réunis.
Si nous ignorons l'existence d'une chapelle avant le XVIe siècle, celle qui nous intéresse est décrite par Hyacinthe de Kerpaén, seigneur de Kerrousseau, comme étant sous sa prééminence en 1710 puis en 1753 et dans laquelle se trouvent ses armes et écussons.
Il faut y ajouter la prééminence des Rohan Guémené. Il y a en plus, au niveau du clocheton, à l'intérieur et au-dessus des portes, des monogrammes et un écusson. Les monogrammes relevés sont ceux du clocheton.
Ils demeurent encore énigmatiques, le premier est « : IR : 1182 : IH », le second « : FL : U : 9 V ». L'écusson reprend quant à lui un A et un M entrecroisés et fleurdelisés surmontés d'une couronne ducale.
A l'extérieur de la chapelle, au niveau des contreforts et uniquement sur la façade nord, on peut également examiner un visage humain sculpté sur pierre, censé peut-être éloigner le Malin.
La chapelle appartient au style gothique flamboyant et Renaissance, et date du XVIe siècle.
Elle porte d'ailleurs la date de 1578 accompagnée de l'inscription "IESUS". Construite selon un plan rectangulaire de 16 m sur 8 m, sa maçonnerie est de pierres de taille.
On trouve également un banc de pierre à l'extérieur. Les ouvertures comme les portes sont en anse de panier; les fenêtres à cintre brisé et meneaux flamboyants. Les vitraux sont datés du XIXe siècle et signés par le maître verrier vannetais Laumonnier.
Elle sera restaurée à plusieurs reprises notamment aux XVIIIe, XIXe et dans le courant du XXe siècle. A ces remaniements correspondent plusieurs indices. On peut lire (17. ?) au-dessus de la porte d'entrée principale et l832 sur une dalle située près de cette même entrée.
Vers 1930 intervient la réfection de la toiture. Laissée à l'abandon après la Deuxième Guerre mondiale, la chapelle a besoin d'être restaurée dans les années 80. Édifice et mobilier feront alors l'objet de soins particuliers grâce notamment à l'association de Saint-Nicodème.
LE MOBILIER
LA STATUAIRE DE NOS JOURS
Elle confirme pour l'essentiel l'orientation d'une majeure partie de la population vers les activités agricoles. Les témoignages des pardons, ceux de Saint-Nicodème ou de Saint-Marc qui se déroulent dans la chapelle jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'attestent.
NOTRE-DAME-DE-LA-ROSEE
Lorsque l'on se place en face de l'autel, on peut voir a sa droite une statue en bois polychrome avec console décorée d'angelots et encadrement floral représentant Notre-Dame-de-la-Rosée.
Elle appartient à l'iconographie des Vierge à l'Enfant et date du quatrième quart du XVIe siècle.
Dans cette composition, la Vierge est couronnée et son regard ne croise pas celui de l'Enfant, personnage qui tient un fruit dore, probablement une pomme. Ce qui rend cette scène humaine, c'est le geste de l'Enfant vers sa mère et le regard attendri de celle-ci.
Il y a dans cette œuvre inscrite au titre des monuments historiques en l978 une maladresse flagrante dans les proportions de la mère et de l'Enfant qui semble bien plus être un adulte de taille réduite ; ajoutons-y la facture grossière des traits de son visage.
On devine également des marques de restaurations au niveau de la polychromie. Il y a en effet plusieurs couches de peinture qui tendent à épaissir les traits des personnages. Notre-Dame-de-la-Rosée est invoquée contre la sécheresse ou au contraire contre les pluies trop abondantes.
SAINT NICODEME
A gauche de l'autel et reposant sur une console avec angelots et guirlande de fleurs se trouve la statue de saint Nicodème.
C'est une œuvre en bois polychrome plus récente que la précédente, car datée du XVIIIe siècle. Elle est inscrite en mai 1978 au titre des monuments historiques. Saint Nicodème est sollicité pour la protection des bestiaux tels que chevaux ou porcs.
Fontaines, croix et pardons
A quelques pas de la chapelle, sur une butte, se dresse une croix d'apparence simple, élevée sur une rocaille.
Cette croix est le fruit d un don du fils du colonel Martin. Demeurant au village de Kerlebot, il l'aurait fait dresser en 1900 en gage de sa reconnaissance à l'occasion de son entrée à l'école de Saint-Cyr.
Deux fontaines sont à mettre en relation avec la chapelle au double vocable La plus proche est consacrée à Notre-Dame-de-la-Rosée, comme l'indique l'inscription « ND - LA ROSEE » en lettres capitales.
Entourée de gros fragments rocheux, elle comporte une niche destinée à recevoir une statue, une croix la surmonte et on trouve enfin la date de 1898 qui correspond a sa rénovation par l'abbé Plunian.
Néanmoins, elle est bien plus ancienne et doit exister au moins depuis le XVIIIe siècle. En consultant les notes manuscrites de Cillart de Kérampoul en 1748, on peut lire au sujet de la bénédiction de la fontaine ces quelques mots singuliers :
« Le recteur est un gros décimateur à la 33e. La magnifique fontaine de la chapelle de Saint-Nicodème n'est pas si célèbre que la procession qui s'y rend pour plonger trois fois le cierge pascal allumé en chantant DES-CENDAT IN HANC PLERRITUDINEM FONTIS VIRTUS SPIRITUS SANCTUS;
ce qui vaut à la chapelle et au recteur. Ce n'est pas la seule fontaine du diocèse où l'on va en procession. J'en connais qu'on encense seraient ce les rites chinois tolérés qui tranquilliseraient ces abus. »
Ce n'est manifestement pas sans une certaine ironie qu'écrit l'abbé Cillart en réprouvant les pratiques associées au culte des fontaines.
En complément, on trouve un lavoir de forme rectangulaire encore en service de nos jours.
La seconde fontaine se situe à quelque distance de l'autre côté de la route, dans une prairie humide. Détruite lors des bombardements de 1939-1945, elle est aujourd'hui rénovée.
Elle réutilise certaines des pierres d'origine et suit les plans dune fontaine située sur la commune voisine de Guidel. En l'observant, il y a lieu de remarquer la niche en forme de coquille, qui n'est pas d'origine, la date de 1802 et des pierres taillées qui offrent quelques visages.
Des croix et une fontaine
Croix de Prat Ledan(ou Prélédan en termes francisés)
" Je suis née, indique Adrienne le Thiec, à Prat Lédan ainsi que ma mère Adrienne Doussal, mariée à Pierre Le Thiec. Ma mère m'a raconté que sa grand-mère Doussal était restée veuve très jeune avec 5 enfants à élever et peinait à le faire. Durant la Révolution de 1789 le calvaire existant (aurait) été détruit. Elle a alors promis de redresser la croix si la récolte de pommes à cidre était bonne cette année-là et que cela permettrait de faire vivre la famille (cidre vendu à Lorient). Vu ses faibles moyens la croix relevée n'avait pas la grandeur de l'ancien calvaire."
Et cette croix précise soeur Joséphine (Marie-Jo) Palabe, proviendrait du cimetière de Quéven en remplacement de celle d'une tombe familiale.
Après recoupements la croix actuelle aurait été implantée dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Informations recueillies par le Comité historique de Quéven
Kerscant et Croizamus
Non loin du village de Kerscant se dresse une magnifique croix. Cette croix monolithe et chanfreinée repose sur un socle aux angles abattus et porte la date de I679.
D'un côté figure la Vierge à l'Enfant et de l'autre un Christ en Croix. C'est en quelque sorte un résumé rapide de l'existence de Jésus. On ignore dans quel but les anciens Quévenois l'ont dressée. Elle constitue un élément non négligeable du patrimoine local et participe au pittoresque du village.
Celle de Croizamus n'a en revanche plus aucun secret. Datée de l895, elle est le fruit de la commande de l'abbé Daniel et d'une famille pieuse qui dénoncent avec force les mœurs supposées dépravées de l'endroit.
Les croix disparues
Quelques documents, des cartes le plus souvent, attestent de l'existence d*autres croix en d'autres lieux. A Kermérien, on trouve le socle d'une petite croix renversée il y a une dizaine d'années.
Photographiée par Pierre Madec en 1969, elle remplaçait une croix plus ancienne. il y avait aussi, à en croire les cartes, des croix au sein des villages de Kergalan Brazh, de Kergavallan et de Kerledanet.
Celle de ce dernier village aurait été utilisée lors de l'empierrement, exigé par l'occupant, de la route qui conduit à Kervégant. On peut également en ajouter une autre, située près de Kergalan Bihan, qui fut abattue au début de mars l903 par deux individus originaires de Lorient.
LA FONTAINE DE SAINT-FRANÇOIS
A proximité des villages du Roze et de Kervégant, le long d'un petit ruisseau qu'il faut remonter a travers des friches, se trouve la fontaine dite de Saint-François.
En très mauvais état, une partie de la maçonnerie s'est écroulée et quelques pierres gisent au fond de Peau. Elle n'en reste pas moins reconnaissable à son bassin.
Le vocable de la fontaine, loin de nous éclairer provoque au contraire le questionnement. Ainsi on devrait pouvoir rattacher la fontaine à un édifice de référence ; or le plus proche est la chapelle de Notre-Dame-de-Vrai-Secours qui est éloignée d'un bon kilomètre.
Rien ne prouve donc à l'heure actuelle que l'une et l'autre soient associées et les recherches restent pour le moment sans résultat.
(source : Quéven au fil du temps. Liv'éditions)